› ONCE A BLUEBIRD, ALWAYS A BLUEBIRD. Les Bluebird sont-ils les seuls à profiter du système, à se dédoubler plus vite qu'une bande de cafards, pour une poignée d'argent supplémentaire au travers des allocations familiales ? Telle était la devise de Jayden et Courtney Bluebird. Pas loin de ressembler à deux lapins tournant à plein régime de reproduction dès que le printemps pointait le bout de son nez, leur objectif était simple : atteindre le pactole sans en toucher une de leurs doigts. Bien vite, on les cataloguait dans les rues de Blurrydale. Les Bluebird, les cas sociaux, l'usine à gosses, l'autocar de moufflets. On les voit sortir comme des petits fours, les uns après les autres. Un beau grand cliché dont on a dû mal à en comprendre le sérieux. Et pourtant, Beverly Bluebird aura toujours ce genre de mentalité dans ce climat familial dysfonctionnel. Huit enfants plus tard, l'argent était suffisant, pour deux parents vivant librement, voyageant sur le compte des allocations pour famille nombreuse, laissant des enfants sur le bas à côté, à tourner en cage, enfermés dans leur maison délabrée dans le quartier de Whalers Bank. Comme si la farce n'était déjà pas assez poussée, il fallait que tous leurs enfants portent les noms typiquement américains, ayant un rapport de près ou de loin avec la série Beverly Hills. Parmi les huit enfants, pas un seul est capable de se sortir du lot en gravissant les échelons professionnels pour faire une brillante carrière. Par contre, l'art de se retrouver perpétuellement dans la merde et livrer à eux-mêmes les a tous rendus débrouillards, usant de ruses et d'originalité pour parvenir à leurs fins, où permis étaient tous les moyens. C’est dans un tel climat que Bebe a vécu toute son enfance et adolescence, cherchant à rapidement foutre le camp de là, par des petits boulots, des bourses d’études volées aux autres, une formation peinant à être accomplie pour terminer au volant d’une ambulance en tant que secouriste.

› AT NIGHT SHE’S SCREAMING SHE’S OUT HER MIND. L’apparence est belle, mais l’arrière-boutique mérite qu’on foute le camp dans l’autre sens. Bebe est une véritable terreur, partageant les crises maniaco-dépressives à qui se trouvera sur son passage. Si les épisodes étaient tout d’abord anecdotiques, ils sont devenus avec le temps quelque chose de vivement rythmé. Dans les moments aigus, Il n’est pas rare de la voir passer du coq à l’âne sans terminer ses phrases, à s’exciter pour pas grand-chose, à vouloir refaire le monde, à commencer par le ménage dans l’ambulance qu’elle conduit à toute vitesse. On lui trouvera un air excentrique, complètement décalé, quelque chose de léger et fougeux à la fois. On a envie de la suivre dans ses folies, parce qu'elle déborde d'énergie et jaillit de ses envies comme un feu d'artifices. Tout est rythmé par les vagues de ses humeurs et de cette maladie mentale qui grignote peu à peu l'espace de la Bluebird pour s'y loger et y rester. Son imagination se fait excessive et elle le partagera avec la frustration de ne pas se voir suivie par son entourage, à s’agiter dans tous les sens, avec de grandes idées et de beaux projets. Jamais aucun de ceux-ci ne sera ficelé, car bien vite le revers de la médaille retombera, et c’est une Bebe amorphe, à bout de force et de motivation, qui arpentera les rues à la recherche de la première personne qui voudra bien être son savior. Elle aime porter le monde, comme se faire porter par celui-ci dans les jours où les épisodes mélancoliques font surface. Véritable maladie qu’elle ne contrôle pas autant qu’elle le cache, elle refusera de toute façon d’assumer et de se soigner. Tout coute cher, ces conneries aussi. Elle préférera mettre l'argent durement gagné dans la boite de céréales placée dans le placard au-dessus du frigo dans la maison familiale des Bluebird, pour que ses plus jeunes frères et soeurs puissent aller puiser dedans et payer les différentes factures.

› ‘CAUSE SHE MESSIN' WITH YOUR HEAD. Présentable au premier abord, tout porte à croire que Bebe ne fait pas partie de ces enfants ayant été livrés à eux-mêmes. Elle aimerait que la parade dure toujours, mais en creusant sous la carapace, on voit non seulement que cette fille est sans argent, mais sans morale également. Véritable carnage partout où elle passe, Beverly Bebe Bluebird défie sans cesse l'autorité. On ne lui a pas appris à rester sagement dans une cage. Suivre les règles, c'était revenir à crever de faim en fin de mois et à avoir les frères et soeurs paniqués sur les bras. Braver l'interdit et aller au-delà de limites, c'est venir chatouiller l'adrénaline qui sommeille en elle, au point d'en devenir une habitude. Existe-t-il une meilleure manière de vie ? Les gens les plus honêtes finissent toujours par se faire entuber, non ? Bebe n'a jamais réussi à se faire aux règles et cherchera toujours à être à contre-courant. Elle est également le genre de cafard qui ne parvient à décoller d’un endroit tant qu’on ne l’expulse pas. Son petit studio dans le centre-ville ne dépassant pas dans les seize mètres carré est un endroit où elle est rarement, qu’elle peine d’ailleurs à payer. Préférant aller chez les autres, elle ne se contentera pas juste de les remercier chaleureusement de l’hospitalité, mais cherchera à squatter jusqu’à l’épuisement, ramener d’autres personnes, organiser des fêtes et pourquoi pas leur voler quelques affaires. Véritable kleptomane opportuniste, tout est bon pour un minimum de souvenirs à reprendre en fin de séjour. A cela s’ajoute les entourloupes pour quelques dollars supplémentaires à leur prendre des mains, le tout dans la finesse, le charme et le beau sourire collé à son faciès d’ange. Rares sont les personnes dans l’entourage de Bebe qui ne se feront pas arnaquer par ses supercheries. Les quelques chanceux de ce carré VIP y verront pourtant une personne loyale, dévouée et protectrice, elle qui espère voir d’eux lui rendre un jour la pareille si l’occasion devait se représenter.